Nous entendons souvent ces jours-ci l’expression “retourner à la normale.” J’avoue l’avoir utilisée moi-même. Cette expression fait preuve d’angoisse par rapport à ce que l’on vit actuellement. Un fléau, un mal subit. Le virus nous effraie. En même temps les moyens que nous prenons pour l’éviter chamboule tout. Notre travail, nos loisirs, nos relations, notre confiance. La liste de ce qui est dérangé est longue. Ce désir de retourner en arrière est un réflexe instinctif. Retrouver ce qui est familier et rassurant nous semble nécessaire.
Mais il y a une autre façon d’aborder l’ajustement exigé par ces circonstances incontournables. Nous pouvons nous poser la question : De quelle normalité s’agit-il ? Il n’y a peut-être pas de meilleur moment pour nous poser cette question à la veille de la semaine sainte. Une question à méditer en lien avec le phénomène fondateur de notre foi, le mystère pascale. Plutôt que de rêver à ce retour en arrière, serait-il plus profitable d’imaginer un monde meilleur, une vie plus ajusté à nos valeurs, tant humaines que spirituelles. Y aurait-il dans cette
pandémie un questionnement qui se pose par rapport au contenu et le rythme de nos vies, la qualité de nos relations, notre rapport avec l’environnement, nos priorités économiques, politiques, etc. La question se pose partout. Elle s’adresse également à nos pratiques spirituelles et religieuse.
Serait-il un moment propice au renoncement de ce qui est quelque peu confortable et finit par nous nuire, et à accueillir quelque chose de plus authentique, plus cohérent avec nos valeurs, mieux intégré avec ce que nous sommes, avec la Vérité au coeur de nous-même ? Prendre l’engagement qui s’impose afin de vivre à partir de nos dons, plutôt que de nos blessures. Chose certaine, le Seigneur ne nous à pas quitter. Dieu nous accompagne dans cette angoisse et le cheminement qui suivra. On peut lui poser une question qui exige un certain courage de notre part, “A quoi m’appelles-tu ?” Dans toutes situations semblables, Dieu nous appelle vers quelque chose de lumineux, vers notre Vérité.
Cette pandémie est un fait de la vie humaine. En tant que disciple du Ressuscité, nous ne pouvons pas accorder le dernier mot à un virus. Il nous appartient de choisir avec beaucoup d’intentionnalité le chemin de vie que le Christ nous propose. Nous sommes en route vers un avenir mieux équilibrer, plus conséquent. Un cheminement vers les vertus qui nous habitent et auxquelles nous avons été à date plus ou moins fidèle. Un sentier vers la fécondité à laquelle le Créateur nous invite depuis toujours.
Moi je rêve à une vie enraciné dans la simplicité, la gratitude et la générosité. Et vous, quel désir portez-vous ? Dites-le dans le silence de votre coeur. Que le Seigneur bienveillant vous l’accorde, ainsi que sa paix, son espérance et sa joie. Semaine sainte 2020
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